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Un autre regard sur le monde, une autre vision... 4 millions de visiteurs ont franchit la porte. Qu'attendez- vous ? Gardez l'oeil ouvert et le bon si possible... Tyron

Le trou noir n'a pas avalé la terre !

(ASP) - Février 2001- La fin du monde n'a pas eu lieu. L'expérience qui, de l'avis des plus pessimistes, devait produire un trou noir qui engloutirait la Terre, a parfaitement réussi, mais ses conséquences sont restées circonscrites au laboratoire. Et, surprise, les Américains vers lesquels tous les regards étaient tournés depuis cet automne ont été pris de vitesse : c'est en Suisse, au laboratoire CERN de physique des particules, qu'a été réalisée cette expérience.Dans leur communiqué, les physiciens d'une vingtaine de pays annoncent que ce qu'ils ont fait, c'est de " créer un nouvel état de la matière "; ou, plus exactement, de recréer un état de la matière qui a déjà existé... mais qui est disparu depuis environ 15 milliards d'années. Cet état de la matière, le plasma quark-gluon pour les intimes, n'aurait en effet existé que pendant les premiers millièmes de seconde de notre univers. En d'autres termes, on aurait recréé au CERN, pendant un très, très bref instant, les conditions qui existaient immédiatement après le Big Bang. Est-il besoin de le souligner, les premières fractions de secondes après le Big Bang représentent, pour autant qu'on puisse se les imaginer, l'enfer : la chaleur y est telle que même les atomes ne se sont pas encore formés, la température étant trop élevé pour que protons, neutrons et électrons puissent s'unir. En fait, même les protons et leurs confrères ne peuvent pas s'unir et leurs constituants -les quarks, entre autres- sont éparpillés dans une " soupe " que, faute de meilleur terme, on a baptisé le plasma quark-gluon. Après quelques fractions de seconde, à mesure que la température s'est abaissée, cette " soupe " s'est estompée et a laissé place aux particules qui nous sont plus familières. Réussir à créer ce plasma quark-gluon en laboratoire a donc pour but de mieux comprendre la nature même de la matière -et, au passage, nos propres origines. Cet exploit constitue le point culminant de six ans de travail pour les physiciens des hautes énergies. Depuis 1994, ceux du CERN utilisent un accélérateur de particules géant -un cercle de six kilomètres !- pour provoquer des collisions à très, très haute vitesse entre des atomes. La force de ces collisions est telle que la température à la " surface " de ces atomes est, pendant un bref instant, amenée à un niveau dépassant les deux millions de millions de degrés -100 000 fois plus chaud que le coeur du Soleil ! Ce qui, en théorie, serait suffisant pour recréer ces conditions d'il y a 15 milliards d'années. Et c'est ce qui s'est passé. Du moins, c'est ce qu'on croit qui s'est passé : on parle ici d'une quantité de matière tellement infime- un atome à la fois- et pendant si peu de temps -moins d'un milliardième de milliardième de seconde !- qu'on a intérêt à être prudent. " Toutes les données nous conduisent à conclure que nous avons maintenant des faits probants suivant lesquels un nouvel état de la matière a été créé... lequel présente plusieurs des caractéristiques du plasma quark-gluon tel qu'il avait été théoriquement prédit. " Bref : c'est probablement lui, mais c'est pas encore sûr. La prochaine manche appartient aux Américains du RHIC (Relativistic Heavy Ion Collider), dans l'Etat de New York, eux vers qui un doigt accusateur avait été pointé en août dernier (" des scientifiques veulent créer un trou noir qui pourrait engloutir la Terre ") et dont l'expérience devrait finalement avoir lieu en mai. Bien qu'ils soient sans doute frustrés d'avoir été coiffés au poteau, il n'en demeure pas moins que leur équipement peut produire deux à cinq fois plus d'énergie que celui du CERN -du moins, pour l'instant, puisqu'un autre projet est en chantier au CERN- et qu'il permettra donc, peut-être, de confirmer ce que le CERN n'a pu qu'effleurer. Mais qu'on se rassure, pour produire un trou noir, il faudrait des millions de fois plus d'énergie, et non pas deux à cinq fois plus...

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www.sciencepresse.qc.ca/archives/cap1402001.html

 

 
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