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L'EXORCISME
Pour beaucoup de chrétiens, dont bon nombre de prêtres et de théologiens, le diable n'existe plus. Pour d'autres, le malin est toujours à l'oeuvre et ses actes de possessions justifient l'existence et l'action de prêtres exorcistes.
-Le point de départ-
Pratique religieuse, voire magique, très ancienne, l'exorcisme- où l'art de chasser le diable, les démons et autres esprits possesseurs- demeure toujours en usage chez la plupart des peuples de la Terre, toutes cultures confondues. Chez les Grecs, les Romains, les Juifs et les premiers chrétiens, la maladie était souvent considérée comme une possession du corps par une entité maléfique. Dans la mythologie antique, le mot daimon ( démon ) désignait les puissances intermédiaires entre les dieux et les hommes. Selon le christianisme primitif, la faculté de chasser les démons était un don que, de nos jours, nous appellerions un charisme. Dans le vocabulaire chrétien moderne, le démon est un ange déchu- le plus beau de tous les anges-, le Diable, Lucifer ou Satan. Le Nouveau Testament l'affirme : Jésus guérissait les malades en chassant de leur corps les démons responsables de leur mal. Il transmit ce don à ses disciples. Le christianisme, devenu religion officielle de l'Empire, hiérarchisa l'Eglise et structura ses dogmes. La démonologie devint un domaine détude distinct de la théologie, ayant ses spécialistes, les démonologues.
Cette science traite des démons, incubes et succubes, de leur existence, de leur relation avec la divinité, de leur activité dans le monde, des moyens à mettre en oeuvre pour s'en protéger ou les chasser. De nos jours, l'Eglise catholique a confié aux évêques la gestion du très délicat problème posé par la possession et son corollaire, l'exorcisme. Car le phénomène de la possession, fréquemment observé au Moyen Age, na non seulement pas disparu, mais, après avoir reculé pendant plusieurs décennies, il semble proliférer à nouveau. Ainsi, en France, dans chaque diocèse, l'évêque défère la fonction d'exorciste à un prêtre choisi pour sa foi sans faille, l'excellence de sa science théologique, son extrême prudence et la pureté de ses murs. L'Eglise romaine interdit en principe toute publicité accordée aux cérémonie d'exorcisme. Les prêtres autorisés exercent leur fonction de préférence à huit clos, dans un sanctuaire réservé à cet effet, ou, très exceptionnellement, au domicile de la personne concernée. L'Eglise orthodoxe, les Eglises réformées, luthérienne notamment, ont conservé l'exorcisme dans leur rituel, de même que le Judaïsme ou l'Islam. En marge des Eglises officielles, il existe aujourd'hui des courants religieux tels que le Renouveau charismatique (catholique) ou l'Eglise gallicane- pour ne citer que les plus connus-, dont les prêtres pratiquent l'exorcisme de manière courante, parfois publiquement, au cours de spectaculaires grand-messes purificatrices.
Des gourous, des adeptes de sectes et mouvements ésotériques, voire des guérisseurs, des voyants et des sorciers, profitant de la réserve de l'Eglise post-conciliaire à l'égard du diable et des démons, se sont librement autoproclamés « exorcistes ». Dès lors, ils exercent à titre vénal et a grand renfort de publicité, l'art très lucratif de chasser les démons, de purifier les maisons ou d'exorciser les malades qui se croient possédés ou bien victimes du mauvais sort. Ces empiristes s'inspirent le plus souvent des rituels, des prières et des pentacles protecteurs de l'abbé Julio (1844-1912), un personnage curieux, resté en marge de l'Eglise. La théologie catholique considère la possession comme l'état d'un être sous l'emprise physique et mentale d'un ou de plusieurs démons.
Mais la distinction entre le véritable possédé et les hallucinations de celui qui se croit possédé est difficile à établir. Avant même d'entreprendre un exorcisme, le prêtre exorciste doit donc s'assurer que le sujet est véritablement « habité » par une puissance démoniaque et non atteint d'hystérie, affligé d'un délire de persécution ou d'une autre perturbation purement psychique. L'Eglise retient trois critères comme signes d'une véritable possession :
l'expression orale du sujet dans des langues inconnues (xénoglossie), la connaissance de choses cachées, de secrets connus seulement de l'officiant (voyance), et enfin une force physique hors du commun. L'exorcisme de l'Eglise catholique est une cérémonie impressionnante et spectaculaire qui comporte onze acte codifiés par le « Rituel romain » dont voici les principales étapes :
Le prêtre exorciste est généralement accompagné par un ou deux assistants ecclésiastiques, car un exorcisme n'est jamais une cérémonie de tout repos. Il arrive que l'esprit possesseur ou les démons se rebiffent et recourent à des violences extrêmes, par l'intermédiaire du sujet qu'ils ont investi. C'est souvent un véritable combat corps à corps que le prêtre exorciste doit livrer aux démons ; au début de l'exorcisme, le prêtre s'approche du sujet possédé qui se trouve à genoux ou allongé sur un lit (parfois même, il doit être attaché, s'il est réputé violent), en récitant la litanie des saints tout en l'aspergeant d'eau bénite. L'exorciste emprisonne alors le cou du malade de son étole violette, avant de réciter le psaume 54 :
« O Dieu ! Sauve-moi par ton nom,
Et rends-moi justice par ta puissance !
O Dieu ! Ecoute ma prière,
Prête l'oreille aux paroles de ma bouche ! »
Puis le prêtre ordonne au démon de comparaître, de se présenter, de décliner son identité, ce qu'il n'accepte de faire le plus souvent qu'en torturant physiquement le possédé qui se débat et hurle. Aux stades suivants, l'officiant récite des passages de l'Evangile proclamant la divinité et la puissance du Christ, ce qui incommode le ou les démons possesseurs et déchaîne leur fureur . Ces derniers manifestent alors leur courroux par la bouche du sujet, en proférant dignominieuses insultes, d'affreux jurons et en poussant des cris épouvantables. Sans se laisser impressionner, le prêtre étend sa main droite sur la tête du possédé en récitant la prière préparatoire puis entreprend la lecture du premier exorcisme du rituel romain, appelé « exorcisme de Satan ».
Puis suivent des prières et des bénédictions. La plupart du temps, le possédé reste prostré, hébété, le corps parcouru de frissons ; le prêtre attaque alors le deuxième exorcisme destiné à chasser le « Vieux serpent ». Le possédé s'agite de plus en plus, sa bouche écume, éructe des insultes et des outrages en différentes langues, souvent en latin, en grec, en hébreux ou en d'autres langues orientales, parfois inconnues. A ce stade, l'exorciste sait à qui il a affaire, quel démon habite le malade, quel est son adversaire. Après une invocation solennelle adressée à Dieu, à Jésus, à Marie et à tous les saints, il saisit le crucifix qu'il place au-dessus du sujet, et prononce d'une voix forte, assurée, les paroles sacramentelles du troisième et dernier exorcisme du rituel. A ce moment, le plus souvent, le corps du possédé est pris de convulsions et se tétanise dans des positions impossibles, insoutenables au regard du profane. Il arrive que le démon s'en prenne alors violemment à l'exorciste et à ses assistants, qu'il les insulte. Pour bien leur faire comprendre qui il est et quelle est l'étendue de son pouvoir, il se met à débiter, par la bouche du possédé, les secrets les plus intimes et les plus inavouables des personnes présentes ou de leurs proches.
Parfois, un prêtre mal préparé à sa tâche, impressionné par l'étalage public de ces faits outrageants, vrais ou faux, lâche prise, renonce à son ministère et tout est à recommencer. Car il faut bien l'admettre, l'exorcisme ne réussit pas à tout coup, c'est souvent une épreuve de longue haleine pouvant nécessiter de nombreuses séances étalées sur des mois et des années. Quand tout se passe bien, le sujet expulse par sa bouche le ou les démons qui l'habitent, dans une suite de râles, de grondements, de vives douleurs. Libéré, le sujet reste longtemps hébété, prostré, tandis que le prêtre achève la cérémonie en psalmodiant un chant liturgique et une prière d'action de grâces. Devant le phénomène de la possession, l'Eglise demeure prudente. Elle met en garde ses prêtres et ses ouailles contre la tentation de prendre pour une infestation diabolique un simple mal-être, une souffrance psychologique ou une série de revers- des malaises très fréquents de la société occidentale contemporaine. Et si aujourd'hui l'Eglise catholique officielle recourt moins qu'autrefois à l'exorcisme pour soigner les personnes qui se prétendent possédées ou victimes d'un mauvais sort, c'est, comme la expliqué le père Joseph de Tonquédec, parce que « l'exorcisme est une cérémonie impressionnante qui peut agir efficacement sur l'inconscient des malades ; les adjurations au démon, les aspersions d'eau bénite, l'étole passée au cou du patient, etc., sont cependant susceptibles de susciter dans un psychisme déjà débile, la mythomanie diabolique en paroles et en actions. Si on appelle le diable on le verra : non pas lui, mais un portrait composé d'après l'image que le malade se fait de lui. » C'est pourquoi de nos jours les prêtres exorcistes pratiquent une collaboration mutuelle avec les psychiatres. Il existe en effet davantage de cas de possessions avouée ou apparente ressortissant de la psychiatrie que de l'exorcisme. Ainsi, dans les années 60/70, durant quatre années de ministère en tant qu'exorciste officiel de l'archevêché de Paris- 8 diocèses-, le père Gesland n'a en fait connu que trois cas indiscutables de possessions diabolique.
La taverne de l'étrange- 1 Février 2006
mise à jour le 18 janvier 2013
bientôt un autre dossier "Exorcismes & possessions, mythe où réalité ?"