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Un autre regard sur le monde, une autre vision... 4 millions de visiteurs ont franchit la porte. Qu'attendez- vous ? Gardez l'oeil ouvert et le bon si possible... Tyron

JULES VERNES ET LE SYMBOLISME

 Les romans du Maître révèlent les trois degrés des rites initiatiques 

 

1828. Une date dans l’histoire des voyages dans l’espace. Pas encore certes le lancement du premier spoutnik ! Mais presque ! Puisque c’est l’année de la naissance de Jules Verne. Un romancier qui par ses exercices romanesques d’anticipation ne se contenta pas de préfigurer à l’aide de son astronef, l’ère des fusées et des « petits pas » sur la lune puisque prophète de la technique, il fut également à l’origine de cette science aujourd’hui presque exactement, la futurologie. En 2008 nous avons célébrer le 180ème anniversaire de sa naissance, il est peut-être temps d’éclaircir l’un des points les plus mystérieux de son œuvre dont l’ampleur a fait dire à quelques-uns que c’était… « Le grand œuvre ». 

 

Humour ? Ou jeu de mots cachant un réel symbolisme ? Une étude minutieuse des romans de Jules Verne pouvait seule apporter une réponse nette et définitive à cette interrogation. Et l’on peut affirmer aujourd’hui que la majeure partie de ses livres obéit effectivement à un canevas initiatique qui montre des analogies frappantes avec les rituels du premier, deuxième et troisième degré. Des romans d’aventures c’est vrai, mais qui gardent des traces profondes de leur grand modèle, la quête du Graal

PREMIER DEGRE : le voyage

La première étape peut se classer sous l’étiquette du voyage, dont le but est un point suprême qui marque l’ultime étape de « l’initiation du premier degré ». L’un des modèles du genre est sans nul doute le « Voyage au centre de la Terre ». Citons également bien que plus accessoires « Le Village aérien », « De la Terre à la Lune » et « Autour de la Lune ». C’est cependant le roman intitulé « Les Aventures du capitaine Hatteras » qui offre le schéma initiatique le plus évident. Son action est en effet tout entière tendue dans la quête d’un lieu sacré. A bord du navire le « Forward » le passager, le Dr. Clawbonny, et les marins ne connaissent en quittant le port, ni leur destination précise, ni même le nom du capitaine. Tout juste s’ils savent la direction que prend le bateau : le nord… Lorsqu’il s’agit d’avoir des précisions sur la route à suivre ou de résoudre des problèmes, les messages arrivent tous de façon très mystérieuse. Le maître du navire, aux yeux des marins superstitieux, prend l’apparence d’un dieu-animal sous la forme d’un chien étrange. L’action de quitter la terre ferme en compagnie de cet homme mi-homme mi-bête marque déjà une rupture avec le monde des êtres « normaux ». Comme dans tout voyage initiatique, les épreuves préliminaires ont ici leur importance : tempêtes, rudes contacts avec la banquise, difficultés de la vie communautaire sont autant d’obstacles que doivent surmonter les hommes d’équipage. La sélection s’établit donc entre ceux qui sont dignes d’accompagner Hatteras, le capitaine, dans ce voyage sans retour vers un lieu sacré et ceux qui ne le sont pas. La révolte de ces derniers sera, notons-le, cruellement réprimée, comme sont en général punis les novices qui tentent d’échapper au premier degré d’initiation.

AUX PORTES DU LIEU SACRE

Ce voyage au pôle Nord donne un tout premier rôle à la banquise. C’est en quelque sorte le substitut du Labyrinthe : pour la franchir les personnages doivent « forcer » des marches, des contre-marches, des passages étroits et la banquise elle-même se transforme en un piège qui essaie d’égarer dès le début les explorateurs avant de les arrêter définitivement. Cependant ces difficultés ne sont qu’une répétition en plus important de ce que les marins sous la direction d’Hatteras ont déjà enduré. Lors d’une première expédition sur la langue de glace, à la recherche d’un hypothétique charbon, sorte de prélude à la quête véritable, le petit groupe s’est perdu dans le brouillard et se trouve aux prises avec la neige qui empêche une progression normale. Il est un moment bloqué par la tempête. Puis tout à la fin du voyage, les « élus » aux portes du lieu sacré découvriront des traces de pas sur une terre qu’ils croyaient vierge. Ce sont bien entendu les leurs.

UNE IMAGE DU LABYRINTHE

Egarés dans le brouillard ils n’ont pu s’apercevoir qu’ils tournaient en rond : image affaiblie du Labyrinthe… S’il est impossible de dégager toutes les références aux souffrances endurées par ces hommes (froid, solitude, mer dévorante, tempête), « Les Aventures du capitaine Hatteras » mettent en avant deux formes de dangers particulièrement inscrites dans la symbolique initiatique. Le premier péril prend la forme presque permanente d’une lutte contre les animaux sauvages, dieux thériomorphes de l’endroit, que sont les ours qui tentent de manger les voyageurs. Le second est la sensation d’étouffement éprouvée par ces derniers tout au long du roman. Ne serait-ce qu’au cours de cette scène où les ours décident d’amonceler des blocs de glace sur le refuge des marins. Proche de l’asphyxie, l’expédition sera sauvée in extrémis par une explosion. Quant au sens donné à l’étouffement dans le rituel initiatique, sans doute peut-on le trouver dans le fait qu’un souvenir de cet étouffement précède toujours une naissance biologique.

LA LUTTE CONTRE UNE PUISSANCE FANTASTIQUE

L’accès au lieu sacré correspond avec la fin du livre. C’est comme il se doit un endroit purement imaginaire donc magique. C’est une réplique de la mer Méditerranée mais souterraine. Une île en son milieu est le point suprême qu’il faut atteindre. Les voyageurs s’aperçoivent très vite que c’est en fait un volcan « dressé comme un phare au pôle boréal du monde ». Une scission définitive se crée alors entre les héros : seul le capitaine Hatteras veut pénétrer dans cet antre de lave. La montagne de feu le dévore et ses compagnons laissent une inscription gravée sur ses flancs comme sur une pierre tombale. L’initiation du second degré ou initiation héroïque est selon la tradition une lutte contre une puissance fantastique, un monstre que personne ne peut détruire. Le héros du roman-type de Jules Verne a connaissance des forces sacrées puisque initié du premier degré. Lui seul peut par conséquent détruire le démon monstrueux et s’approprier du même coup sa puissance qui perfectionnera encore son initiation. On retrouve ici un archétype des légendes héroïques et des sociétés secrètes primitives, comme celles d’hommes-léopards en Afrique par exemple.

« Michel Strogoff » ou « Les Cinq Millions de la Bégum » sont de bonnes illustrations de l’initiation héroïque. Le second nous semble le modèle le plus achevé. Le futur initié du second degré est un ingénieur, Marcel Bruckmann. Orphelin, il a été adopté par un homme généreux et très savant : un parrain initiatique en quelque sorte qui lui a donc déjà fait franchir la première étape. Le vrai fils du docteur Sarrasin ne peut même pas franchir le premier degré ce qui met en évidence ce stéréotype initiatique : seule compte la filiation spirituelle. Bruckmann doit combattre le monstre : un scientifique nommé Schultze réfugié dans une ville d’acier construite avec la moitié d’un héritage qui aurait dû revenir en entier au docteur Sarrasin. Bruckmann émanation spirituelle de celui-ci va au cours du roman être capable de dépasser son maître en attaquant le monstre, ce qui était jusqu’alors impossible. En pénétrant par ruse dans la ville d’acier, l’initié s’aperçoit qu’elle a la forme d’un labyrinthe. On ne peut y circuler normalement puisqu’à tout instant doit être utilisé un mot de passe, symbole du fil d’Ariane. Selon la tradition, Marcel Bruckmann s’est dépouillé de sa personnalité en changeant de nom pour être engagé comme ouvrier. Mais sa valeur le signale à l’attention de ses supérieurs. Il progresse vers son but : le centre de la ville. Pour y parvenir, il est obligé de sacrifier son « double », un orphelin et comme lui supérieurement intelligent. Le petit Karl meurt asphyxié… Non pas que Bruckmann n’ait rien fait pour le sauver, mais la mort l’a pris de vitesse. Grâce à sa longue patience (vertu initiatique), Bruckmann franchit toutes les portes qui mènent à la « Caverne du Dragon », repaire de Schultze. Avant de franchir la porte principale A (lettre importante) l’ingénieur doit subir un dernier examen devant deux examinateurs : ne serait-ce pas un motif directement emprunté à la franc-maçonnerie ? Un autre stage l’attend, une mise à l’épreuve qui curieusement se déroule dans une sorte de prison. C’est le cercle qui se resserre autour de lui en annonçant la prison mortelle finale. Parvenu au Secret, Schultze détient une arme extraordinaire qui peut tout détruire telle une bombe atomique ; Bruckmann doit mourir puisqu’un simple mortel ne peut connaître le Sacré. Le Dragon sera lui aussi tué par sa propre invention diabolique grâce au hasard, lequel comme on le sait est toujours du côté des initiés. Enfin c’est la quête du secret suprême où aucune référence n’est faite au voyage ou à la lutte. Elle a pour nom : initiation supérieure ou troisième degré. Elle n’apparaît que dans très peu de romans de Jules Verne.

« L’île mystérieuse » en est le prototype. Sans doute le romancier a-t-il voulu nous laisser un message pour nous faire comprendre que le symbolisme initiatique de son œuvre y avait été consciemment inscrit. Comment comprendre alors qu’il ait écrit en trois volumes (« Les Enfants du capitaine Grant », « Vingt Mille Lieues sous les mers » et « L’île mystérieuse ») le déroulement d’une même histoire auquel correspond l’exact cheminement par étapes d’un initié : dans « Les Enfants du capitaine Grant » : Robert Grant trouve un père spirituel dans son voyage pour retrouver son vrai père. Après une série d’épreuves, il accède au statut d’homme. Initiation au premier degré par excellence. Dans « Vingt Mille Lieues sous les mers », Aronnax avalé par le monstre touche au sacré et parvient à échapper à l’attirance étouffante de ce dernier. Nemo au contraire veut aller plus loin : il atteint la cible monstrueuse. Deux initiations : Aronnax étant un initié du premier degré tandis que Nemo est l’initié héroïque. Dans « L’île mystérieuse » : Harbert subit une initiation du premier degré sous la direction d’un initié héroïque, Cyrus Smith. Ce dernier cherche à atteindre le secret d’une l’île, le Sacré. Il le trouve en la personne de Nemo qui dans ce roman a atteint le niveau où il est assimilé aux puissances divines. Les trois degrés d’initiation y sont donc représentés. Comme on peut s’en rendre compte ces romans sont la reproduction d’une suite, logique au niveau de l’intrigue, des trois degrés d’initiation et de leur transmission par une « chaîne » père-fils ou maître-disciple. Si l’on s’en tient au personnage de Nemo dans « L’île mystérieuse » où il est arrivé au stade d’initié supérieur, on note une évolution puisqu’il est à la fin assimilé à la Divinité elle-même. Si dans le premier roman (« Vingt Mille Lieues sous les mers »), on le voyait user de façon dangereuse des pouvoirs qu’il avait acquis, sa retraite, la solitude, l’aide qu’il apporte aux naufragés, le remettent sur le droit chemin. On peut par conséquent le considérer comme un maître d’initiation, qui seul peut conférer ses pouvoirs à un autre élu. Il les transmettra en effet à Cyrus Smith. Néanmoins quelques-uns de ses secrets exceptionnels et son Nautilus disparaîtront en même temps que lui : monstres trop dangereux pour être laissés entre les mains des hommes. Dans les rituels, le lieu sacré doit être détruit : l’île hors de toute atteinte sera mise au rang des lieux éphémères puisqu’elle disparaîtra après la révélation. Les initiés pourtant inanimés seront recueillis après le désastre par un navire. Nemo quant à lui sera à la base de ce sauvetage, étant à la fois une providence et une puissance tutélaire même au-delà de la mort.

Jules Verne « constructeur » de romans initiatiques ne manifesterait-il pas une sorte de méfiance à l’égard de l’initiation elle-même ? Il est permis de se poser la question si l’on considère que ses héros ne peuvent jamais aller totalement jusqu’au bout du grand point « final », une transmutation. Nemo par exemple n’aboutit qu’à l’anéantissement total…

Source : recherche et documents personnels. Avril 2009

 

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C
J'adorais lire les romans de Jules Verne. Précurseur dans le fait de deviner longtemps à l'avance certaines inventions, il reste quelque part un mystère. Merci pour ce partage :)
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F
Bonjour Pascal, he bien me voilà dans ton petit Paradis en passant par le forum des orbes, ton blog est génial, je vais le parcourir petit à petit, le peu que j'ai déjà vu m'a beaucoup plu, beaucoup de sujet intéressants qui me donneront des réponses à des évènements passés, je te souhaite un agréable week end, bisousFanfan
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