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Que se passe-t-il en cas de transplantation cardiaque, lorsque le cœur d’une autre bat dans votre poitrine ? L’aventure bouleversante vécue par l’actrice Charlotte Valandrey, et racontée dans son dernier livre, laisse entrevoir l’existence d’étranges ponts entre morts et vivants…
Cette nuit de décembre 2005, elle peine à retrouver le sommeil après son rêve. Des visions lui reviennent en mémoire, obsédantes. La voiture dans laquelle elle se trouvait n’était pas la sienne. Et cette bague qu’elle portait au doigt, juste avant le crash, elle n’en a jamais eu de semblable. Quel sens trouver à ces images ? En ont-elles seulement un ?
A l’époque, la comédienne file le parfait amour avec un médecin. Elle savoure d’autant plus ce bonheur qu’elle est deux fois miraculée : non seulement elle survit depuis une vingtaine d’années au virus du SIDA mais, deux ans plu tôt, on lui a greffé avec succès un cœur. Sa carrière professionnelle s’en ressent. Etre séropositive et transplantée cardiaque, ce ne sont pas les meilleurs atouts pour se présenter à un casting. Et l’ex-petite prodige du cinéma français, révélée par le film Rouge Baiser, de Véra Valmont, a du mal à décrocher de nouveaux rôles. Mais Charlotte Valandrey est une battante, et un seul sourire de sa fille de 5 ans, Tara, suffit à lui faire trouver la vie magnifique. Quelques jours passent. Puis Charlotte fait le même cauchemar. Et ce n’est pas fini : elle va revivre à sept reprises, dans son sommeil, la scène terrible de l’accident… Dans le même temps, elle constate d’étranges changements dans son comportement. Elle qui n’a jamais bu de vin se met subitement à apprécier le bordeaux. Et alors qu’elle a toujours détesté la tarte au citron et les babas au rhum, voilà qu’elle ne peut plus s’en passer ! Mais le plus étrange se produit lors d’un voyage en Inde qu’elle fait en compagnie de son amie d’enfance, Lili…
« J’Y ETAIS DEJA VENUE AVANT, DANS UNE AUTRE VIE… »
La suite est encore plus troublante. Alors que les deux amies s’approchent du mausolée de marbre blanc, Charlotte propose à Lili d’aller voir le fleuve qui coule derrière le monument, en contrebas. Or le fleuve, de là où elles se trouvent, est invisible, et ne figure même pas sur leur guide. Un phénomène de voyance ? Non. Charlotte en est persuadée : c’est son cœur greffé, le cœur de « l’autre », qui parle maintenant en elle, et qui se souvient. A priori, cette idée d’un cœur transplanté qui garderait la mémoire de sa vie antérieure semble relever de la science-fiction. De retour à Paris, l’actrice consulte des revues médicales spécialisées. Et ce qu’elle découvre est sidérant. Il existe bien un phénomène que les scientifiques appellent la « mémoire cellulaire ». Les explications sont très techniques. En résumé, les cellules du cœur stockeraient des images, des sensations, des goûts de la personne pour laquelle il bat.
QUI EST CETTE INCONNUE DONT LA MORT L’A SAUVEE ?
Le lendemain, après des heures d’opérations, elle se réveille avec l’organe d’une autre personne dans la poitrine. Qui ? Elle l’ignore et ne pose pas encore la question. Car le combat est loin d’être gagné. Durant des mois, le risque de rejet est réel. Mais par bonheur, Charlotte Valandrey recouvre la santé.
Mais à présent, deux ans plus tard, ses cauchemars récurrents la conduisent à s’interroger : qui est cette inconnue dont la mort l’a sauvée ? Il lui semble que le seul moyen de se libérer de ses rêves affreux est de mettre un nom et un visage sur cette femme. Elle se rend donc à l’hôpital Saint-Paul. Mais les médecins lui opposent le secret médical. Impossible, depuis la loi de bioéthique de 2004, de fournir le nom d’un donneur d’organe. Tout au plus apprend-elle, par un cardiologue du service, qu’un cœur a été prélevé sur une accidentée de la circulation, dans la nuit du 3 au 4 novembre 2003. C’est peu. Mais la fidèle Lili, qui participe à l’enquête, trouve un indice supplémentaire dans les archives du Parisien. Un article relate un accident mortel qui s’est déroulé cette nuit-là, place de la Nation, dans le 12e arrondissement, durant un gros orage :
« Un livreur a perdu le contrôle de son camion et percuté violemment un véhicule de marque Audi qui roulait en sens inverse. La conductrice, une femme de 30 ans, médecin, a été transportée dans le coma à l’hôpital Saint-Paul où elle a succombé à ses blessures. »
Charlotte se rend au commissariat du 12e, où l’on refuse, là encore, de lui donner le nom de la victime. Retour à la case départ. Mais le destin veille. Une lettre va bouleverser sa vie.
« JE CONNAIS LE CŒUR QUI BAT EN VOUS »
« Chère Charlotte, je connais le cœur qui bat en vous, je l’aimais. Je n’ai pas le droit de vous contacter, mais je ne peux me résoudre au silence… Lorsque j’ai accepté que le cœur de mon épouse soit prélevé pour sauver une autre vie, je ne pensais pas connaître un jour l’identité de l’être receveur… »
C’est qu’entre-temps, il y a eu ce livre, L’Amour dans le sang, dans lequel Charlotte Valandrey raconte sa greffe, dans la nuit du 3 au 4 novembre 2003. L’auteur de la lettre n’a eu qu’à faire le rapprochement, à son tour, entre l’accident de sa femme et la transplantation. C’est un homme inconsolable qui termine sa lettre par un post-scriptum destiné directement à son épouse morte : « Si jamais tu me lis, tu me manques douloureusement à chaque instant, j’hésite à te rejoindre. » Quelques semaines plus tard, Charlotte reçoit une deuxième lettre. « Je suis heureux de voir toutes ces images qui vous montrent en si bonne forme, écrit le mystérieux correspondant. Ma femme avait 29 ans. Lorsque je suis arrivé à l’hôpital, son corps vivait encore mais la mort cérébrale venait d’être déclarée. Voulez-vous sauver d’autres vies ? M’a-t-on demandé. J’ai dit oui. Ma femme était généreuse, elle croyait à la réincarnation. J’aimerais vous dire que j’admire votre courage et que ma femme est sûrement heureuse de vous avoir redonné la vie. »
« JE VAIS ARRÊTER DE VOUS ECRIRE… »
Fin 2006, enfin une bonne nouvelle : Charlotte a été choisie pour jouer dans la pièce de théâtre, La Mémoire de l’eau, de Shelag Stephensen, dans une mise en scène de Bernard Murat.
« UNE ROMANESQUE INTERVENTION DU DESTIN »
Le titre semble un clin d’œil du destin pour cette femme qui vit dans l’obsession de la « mémoire cellulaire ». Mais en commençant les répétitions, Charlotte est loin d’imaginer que ce rôle va lui permettre, de la manière la plus incroyable qui soit, de percer le mystère qui lui empoisonne la vie…
« DANS SA LOGE, DES BOUQUETS DE VIOLETTES »
-C’est un homme qui me l’a remis pour toi, lui dit son habilleuse. Impossible de le convaincre de venir te saluer. Timide mais beau, très bel homme… Dans les jours qui suivent, le mystérieux admirateur dépose six autres bouquets de violettes, sans jamais se montrer. Puis, un soir, alors qu’elle est en train de se démaquiller après le spectacle, Charlotte entend la voix de son habilleuse dans le couloir :
-Mais si, venez, insiste-t-elle, je suis sûre que cela lui fera plaisir !
« C’EST UN COUP DE FOUDRE PARTAGE »
La porte s’ouvre et la comédienne se trouve face à un grand type, la quarantaine élégante, manifestement intimidé. Un peu plus tard, elle apprend que cet admirateur s’appelle Yann, qu’il est architecte, en instance de divorce. De part et d’autre, c’est un coup de foudre. Quelques jours plus tard, alors que la pièce a quitté l’affiche, Yann emmène Charlotte à Rome, pour le week-end. Un séjour de rêve dans un vieux palace, « La nuit fut superbe », écrit-elle sobrement, après leur première étreinte. De retour à Paris, la comédienne découvre la maison de Yann, aux Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement. Une maison à la décoration contemporaine qui n’abrite qu’un meuble ancien, un secrétaire indien au bois patiné par les ans. L’architecte, qui a des chantiers à Berlin, s’absente souvent, mais cela ne donne que plus de saveur à leurs retrouvailles. Un matin, alors qu’elle paresse au lit, Charlotte entend le portable de Yann sonner dans le secrétaire indien. Mais elle ne peut le prendre, le meuble est fermé. Quelques minutes plus tard, Yann l’appelle…
-Je n’aurais pas oublié mon téléphone ? Demande-t-il.
-Si, il est dans le secrétaire. Dis-moi où est la clé et je te l’apporterai à l’heure du déjeuner…
Mais Yann, après un silence embarrassé, refuse, prétextant qu’il peut se passer de son appareil jusqu’au soir. Il n’en faut pas plus pour inquiéter l’actrice… Pourquoi ce secrétaire est-il toujours fermé à clef ? Que renferme-t-il donc de si mystérieux ?
« QUE CACHE LE MEUBLE FERME A CLE ? »
« UNE BOULEVERSANTE DECOUVERTE »
Et Charlotte Valandrey, abasourdie, comprend. Les lettres anonymes, les bouquets de violettes : Yann est le mari de Virginie, celle qui lui a donné son cœur. Les mains tremblantes, elle s’enfuit en se répétant : « Yann m’a menti, il a menti… » Quelques semaines plus tard, l’architecte part en Australie pour son travail et Charlotte, encore bouleversée par sa découverte, est victime d’un infarctus dont elle sera sauvée de justesse…
Laissons au lecteur curieux le soin de découvrir par lui-même la suite de l’histoire, et les dernières pages de cette incroyable aventure, digne d’un roman, que constitue le nouveau livre de Charlotte Valandrey. Un récit qui, s’il semble défier la raison, montre l’infini de l’amour et la puissance du destin.
Source- Magazine Horoscope n°740 de novembre 2011